Sorry, this browser is not supported due to insufficient spread or advanced age (Your version is 5.0).


© Rootbook
Imprint



A Rootbook Author
2012 - today
Published by: Rootbook
EBook








Chapter 132


« Avec des « en sus, » » dit la Fausse-Tortue avec quelque inquiétude.
« Oui, » dit Alice, « nous apprenions l’italien et la musique en sus. »
« Et le blanchissage ? » dit la Fausse-Tortue.
« Non, certainement ! » dit Alice indignée.
« Ah ! Alors votre pension n’était pas vraiment des bonnes, » dit la Fausse-Tortue comme soulagée d’un grand poids. « Eh bien, à notre pension il y avait au bas du prospectus : « l’italien, la musique, et le blanchissage en sus. » »
« Vous ne deviez pas en avoir grand besoin, puisque vous viviez au fond de la mer, » dit Alice.
« Je n’avais pas les moyens de l’apprendre, » dit en soupirant la Fausse-Tortue ; « je ne suivais que les cours ordinaires. »
« Qu’est-ce que c’était ? » demanda Alice.
« À Luire et à Médire, cela va sans dire, » répondit la Fausse-Tortue ; « et puis les différentes branches de l’Arithmétique : l’Ambition, la Distraction, l’Enjolification, et la Dérision. »
« Je n’ai jamais entendu parler d’enjolification, » se hasarda de dire Alice. « Qu’est-ce que c’est ? »
Le Griffon leva les deux pattes en l’air en signe d’étonnement. « Vous n’avez jamais entendu parler d’enjolir ! » s’écria-t-il. « Vous savez ce que c’est que « embellir, » je suppose ? »
« Oui, » dit Alice, en hésitant : « cela veut dire — rendre — une chose — plus belle. »
« Eh bien ! » continua le Griffon, « si vous ne savez pas ce que c’est que « enjolir » vous êtes vraiment niaise. »
Alice ne se sentit pas encouragée à faire de nouvelles questions là-dessus, elle se tourna donc vers la Fausse-Tortue, et lui dit, « Qu’appreniez-vous encore ? »
« Eh bien, il y avait le Grimoire, » répondit la Fausse-Tortue en comptant sur ses battoirs ; « le Grimoire ancien et moderne, avec la Mérographie, et puis le Dédain ; le maître de Dédain était un vieux congre qui venait une fois par semaine ; il nous enseignait à Dédaigner, à Esquiver et à Feindre à l’huître. »
« Qu’est-ce que cela ? » dit Alice.
« Ah ! je ne peux pas vous le montrer, moi, » dit la Fausse-Tortue, « je suis trop gênée, et le Griffon ne l’a jamais appris. »
« Je n’en avais pas le temps, » dit le Griffon, « mais j’ai suivi les cours du professeur de langues mortes ; c’était un vieux crabe, celui-là. »
« Je n’ai jamais suivi ses cours, » dit la Fausse-Tortue avec un soupir ; « il enseignait le Larcin et la Grève. »
« C’est ça, c’est ça, » dit le Griffon, en soupirant à son tour ; et ces deux créatures se cachèrent la figure dans leurs pattes.
« Combien d’heures de leçons aviez-vous par jour ? » dit Alice vivement, pour changer la conversation.
« Dix heures, le premier jour, » dit la Fausse-Tortue ; « neuf heures, le second, et ainsi de suite. »
« Quelle singulière méthode ! » s’écria Alice.
« C’est pour cela qu’on les appelle leçons, » dit le Griffon, « parce que nous les laissons là peu à peu. »
C’était là pour Alice une idée toute nouvelle ; elle y réfléchit un peu avant de faire une autre observation. « Alors le onzième jour devait être un jour de congé ? »
« Assurément, » répondit la Fausse-Tortue.
« Et comment vous arrangiez-vous le douzième jour ? » s’empressa de demander Alice.
« En voilà assez sur les leçons, » dit le Griffon intervenant d’un ton très-décidé ; « parlez-lui des jeux maintenant. »