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Chapter 94


« Cela ne sert à rien du tout de frapper, » dit le Laquais, « et cela pour deux raisons : premièrement, parce que je suis du même côté de la

porte que vous ; deuxièmement, parce qu’on fait là-dedans un tel bruit que personne ne peut vous entendre. » En effet, il se faisait dans l’

intérieur un bruit extraordinaire, des hurlements et des éternuements continuels, et de temps à autre un grand fracas comme si on brisait de la

vaisselle.
« Eh bien ! comment puis-je entrer, s’il vous plaît ? » demanda Alice.
« Il y aurait quelque bon sens à frapper à cette porte, » continua le Laquais sans l’écouter, « si nous avions la porte entre nous deux. Par

exemple, si vous étiez à l’intérieur vous pourriez frapper et je pourrais vous laisser sortir. » Il regardait en l’air tout le temps qu’il

parlait, et Alice trouvait cela très-impoli. « Mais peut-être ne peut-il pas s’en empêcher, » dit-elle ; « il a les yeux presque sur le sommet

de la tête. Dans tous les cas il pourrait bien répondre à mes questions. — Comment faire pour entrer ? » répéta-t-elle tout haut.
« Je vais rester assis ici, » dit le Laquais, « jusqu’à demain — »
Au même instant la porte de la maison s’ouvrit, et une grande assiette vola tout droit dans la direction de la tête du Laquais ; elle lui

effleura le nez, et alla se briser contre un arbre derrière lui.
« — ou le jour suivant peut-être, » continua le Laquais sur le même ton, tout comme si rien n’était arrivé.
« Comment faire pour entrer ? » redemanda Alice en élevant la voix.
« Mais devriez-vous entrer ? » dit le Laquais. « C’est ce qu’il faut se demander, n’est-ce pas ? »
Bien certainement, mais Alice trouva mauvais qu’on le lui dît. « C’est vraiment terrible, » murmura-t-elle, « de voir la manière dont ces gens

-là discutent, il y a de quoi rendre fou. »