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Chapter 90


« Voilà enfin ma tête libre, » dit Alice d’un ton joyeux qui se changea bientôt en cris d’épouvante, quand elle s’aperçut de l’absence de ses

épaules. Tout ce qu’elle pouvait voir en regardant en bas, c’était un cou long à n’en plus finir qui semblait se dresser comme une tige, du

milieu d’un océan de verdure s’étendant bien loin au-dessous d’elle,
« Qu’est-ce que c’est que toute cette verdure ? » dit Alice. « Et où donc sont mes épaules ? Oh ! mes pauvres mains ! Comment se fait-il que je

ne puis vous voir ? » Tout en parlant elle agitait les mains, mais il n’en résulta qu’un petit mouvement au loin parmi les feuilles vertes.
Comme elle ne trouvait pas le moyen de porter ses mains à sa tête, elle tâcha de porter sa tête à ses mains, et s’aperçut avec joie que son cou

se repliait avec aisance de tous côtés comme un serpent. Elle venait de réussir à le plier en un gracieux zigzag, et allait plonger parmi les

feuilles, qui étaient tout simplement le haut des arbres sous lesquels elle avait erré, quand un sifflement aigu la força de reculer

promptement ; un gros pigeon venait de lui voler à la figure, et lui donnait de grands coups d’ailes.
« Serpent ! » criait le Pigeon.
« Je ne suis pas un serpent, » dit Alice, avec indignation. « Laissez-moi tranquille. »
« Serpent ! Je le répète, » dit le Pigeon, mais d’un ton plus doux ; puis il continua avec une espèce de sanglot : « J’ai essayé de toutes les

façons, rien ne semble les satisfaire. »
« Je n’ai pas la moindre idée de ce que vous voulez dire, » répondit Alice.
« J’ai essayé des racines d’arbres ; j’ai essayé des talus ; j’ai essayé des haies, » continua le Pigeon sans faire attention à elle. « Mais

ces serpents ! il n’y a pas moyen de les satisfaire. »
Alice était de plus en plus intriguée, mais elle pensa que ce n’était pas la peine de rien dire avant que le Pigeon eût fini de parler.
« Je n’ai donc pas assez de mal à couver mes œufs, » dit le Pigeon. « Il faut encore que je guette les serpents nuit et jour. Je n’ai pas fermé

l’œil depuis trois semaines ! »